L’accent russe | Le blog de Nadia Sikorsky

Y a-t-il encore de la place pour les idéalistes ?

 J’ai récemment donné mon premier séminaire, en anglais, aux étudiants de la Geneva School of Diplomacy, une institution privée située dans le quartier de l’ONU et autres organisations internationales, préparant justement les cadres à leur intention.

Un prof décapité, un monde décapité

Je ne peux pas rester silencieuse face à la nouvelle que j’ai appris en me levant ce samedi maussade, ce samedi du 21 siècle. Le siècle d’une avancée technologique sans précèdent mais clairement pas celui de(s) Lumière(s). Car il est bien sombre, notre siècle, et pas qu’à cause du Covid-19. 

Le temps de Czapski

Me voilà plongée depuis plusieurs semaines dans le monde de Józef Czapski, un homme au destin exceptionnel : humaniste, peintre, écrivain, véritable témoin de son époque. Un Homme avec un H très présent actuellement. La Fondation Jan Michalski à Montricher expose  (jusqu’au 17 janvier 2021) ses journaux intimes et ses peintures alors que les Éditions Noir sur Blanc annoncent la publication de deux livres le concernant. On serait presque tenté d’imaginer qu’esquisses et tableaux en seraient les illustrations.

Ni drame, ni farce

 Il faut vraiment être fan d’opéra pour aller se balader à Zurich par un beau dimanche et assister, masqué, à un « Boris Godounov » pendant quatre heures. Mais, moi, justement, j’aime l’opéra, et celui-ci je le connais par cœur, l’ayant vu plein de fois, dont la première fois au Théâtre Bolshoï à Moscou. Je devais avoir 7-8 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. Il est évident que le spectacle zurichois ne restera pas gravé dans ma mémoire. Le débat sur la transposition ou non des opéras est un débat éternel chez les mélomanes. Quant à moi, je suis partagée..

C’est où, le Tadjikistan ?  

Les Éditions Noir sur Blanc ont publié récemment Zahhâk, le roi serpent de Vladimir Medvedev, traduit du russe par Emma Lavigne. Un roman qui peut sembler aussi exotique au lecteur russophone qu’au lecteur francophone. L’action de Zahhâk (paru en 2017 en Russie) se passe dans les années 1990, alors que la guerre civile fait rage au Tadjikistan. Bien que les événements décrits soient parfois terribles, il est impossible de lâcher ce livre captivant.

Le règne de la méfiance

L’histoire d’Alexeï Navalny, empoisonné dans l’avion Tomsk-Moscou le 20 août dernier et toujours dans le coma à ce jour, mais à présent en Allemagne, me fait penser à une autre histoire, encore plus tragique car son issue fatale est connue de tous.

« Prise de position »

De nos jours, la question de savoir s’il vaut mieux conserver l’histoire dans son intégralité ou en jeter une partie aux oubliettes est abondamment débattue. Ici et là, on déboulonne des statues, et même dans le pays équilibré et paisible qu’est la Suisse de telles idées se sont fait jour. Si, heureusement, elles ne se sont pas concrétisées, il y a tout de même lieu de s’inquiéter : comme on le sait, il n’est rien de bon à attendre d’une réécriture de l’histoire.

Quelques mots au sujet de Beyrouth

L’explosion dans le port de Beyrouth, dont les conséquences sont catastrophiques, a fait émerger des questions qui ne concernent pas uniquement le Liban. Le 4 août dernier, alors que je rejoignais des amis libanais pour dîner à Genève, j’ai entendu à la radio la terrible nouvelle de l’explosion dans le port de Beyrouth. On parlait ce soir-là d’une dizaine de morts et de plusieurs centaines de blessés. Très vite, j’ai reçu sur WhatsApp des images effrayantes d’appartements jonchés de bris de verre.

Vladimir Dimitrijević, neuf ans après

Le fondateur de l’Âge d’Homme, la plus grande maison d’édition de Suisse romande, nous a quittés il y a un peu plus que neuf ans – le 28 juin 2011. Bêtement, si l’on peut dire, puisqu’il a trouvé la mort dans un accident de la route, au volant de sa camionnette blanche remplie de livres qu’il transportait de Suisse en France. Je l’avais rencontré une année plus tôt et, comme beaucoup, je suis tombée sous son charme. Le charme d’un homme passionné.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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